Falsification par l’IA et extorsion : la saison des crimes liés aux cryptomonnaies s’intensifie

Le récent décret présidentiel de grâce a encore renforcé l’état d’esprit « tout est possible » au sein de la communauté crypto en ligne.

Rédigé par : Olga Kharif, Bloomberg

Traduit par : Saoirse, Foresight News

Vous décrochez le téléphone et entendez la voix de votre grand-mère, qui vous demande de lui transférer un bitcoin. Mais vous ne saviez même pas qu’elle connaissait le bitcoin.

« Bienvenue dans la saison du crime », l’expression « crime szn » est utilisée sur le réseau social X pour désigner la recrudescence des escroqueries numériques de toutes sortes.

La « saison du crime » dans le secteur des cryptomonnaies est cyclique, apparaissant généralement à une étape spécifique du marché haussier des actifs numériques : à ce moment-là, les prix des actifs sont élevés et l’enthousiasme des investisseurs particuliers est à son comble. Pour les criminels à la recherche de cibles faciles, cette situation est extrêmement tentante.

La « saison du crime » de cette année a connu de nombreux « faits marquants » (ou taches).

Selon les données de la société d’intelligence blockchain TRM Labs, à ce jour, les hackers ont déjà dérobé plus de 2,7 milliards de dollars, dont 1,5 milliard de dollars volés par le groupe nord-coréen Lazarus Group sur la plateforme Bybit au début de l’année — un montant record. À titre de comparaison, le total des fonds volés lors d’attaques de hackers sur des cryptomonnaies en 2024 s’élevait à 2,2 milliards de dollars.

« Fondamentalement, tout cela est lié à l’ampleur et à l’attention portée », explique Ari Redbord, directeur mondial des politiques chez TRM. L’entreprise aide les forces de l’ordre à traquer et à combattre la criminalité liée aux cryptomonnaies. « Les criminels suivent l’argent — et cette année, l’argent se concentre dans le secteur des cryptomonnaies. »

Avec des prix de tokens comme le bitcoin atteignant des sommets historiques, le volume mondial des transactions de détail en cryptomonnaies a augmenté de plus de 125 % entre janvier et septembre 2025.

En plus des attaques contre les plateformes d’échange centralisées, les criminels ciblent également une série de projets DeFi. Cette semaine, un protocole appelé Balancer a subi une attaque de faille, subissant une perte de 110 millions de dollars.

Selon les données de TRM, les agressions physiques visant spécifiquement les détenteurs de cryptomonnaies et les fondateurs de projets — dans le but de s’emparer de leurs actifs —, communément appelées « attaques à la clé à molette », ont atteint un niveau record.

(Note : une « attaque à la clé à molette » désigne une méthode criminelle consistant à utiliser des menaces physiques ou la contrainte pour forcer la victime à révéler la clé privée de ses actifs, son mot de passe de transfert ou à transférer directement des cryptomonnaies.)

Redbord explique : « De plus en plus de fondateurs de projets, de traders et d’investisseurs précoces détiennent aujourd’hui d’importantes quantités de cryptomonnaies, souvent stockées dans des portefeuilles auto-hébergés — ce qui rend la tentation de s’emparer de ces actifs par la contrainte physique de plus en plus grande. Par ailleurs, le seuil pour commettre une “attaque à la clé à molette” est très bas : il n’est pas nécessaire de maîtriser la technologie, il suffit de surveiller l’activité de la cible sur les réseaux sociaux pour connaître ses déplacements, puis d’utiliser la force brute pour la contraindre. »

Parallèlement, par rapport à la stratégie agressive adoptée sous l’administration Biden, la rigueur des mesures d’application de la loi par des institutions comme la SEC a diminué sous l’administration Trump.

Le récent décret présidentiel de grâce a encore renforcé l’état d’esprit « tout est possible » au sein de la communauté crypto en ligne.

Post de @chainyoda sur la plateforme X

De plus, les attaquants profitent du développement rapide des outils d’intelligence artificielle — il est aujourd’hui d’une simplicité déconcertante de créer des contenus audio et vidéo truqués très convaincants, en quelques clics seulement.

TRM a constaté qu’entre mai 2024 et avril 2025, les escroqueries utilisant l’intelligence artificielle générative ont augmenté de 456 %. Lors d’une audition au Congrès plus tôt cette année, la société a déclaré que les criminels pouvaient « cloner la voix d’un proche de la victime pour l’appeler et la tromper ».

TRM a également découvert que les escrocs utilisent la superposition faciale deepfake lors d’appels vidéo pour usurper des identités et mener des « arnaques sentimentales » ou des « pig butchering » ; l’intelligence artificielle est aussi utilisée pour des attaques de phishing, voire pour blanchir des fonds volés.

Alors, la prochaine fois que quelqu’un dont la voix ou l’apparence ressemble à celle de votre grand-mère vous demande de transférer des bitcoins, ne le faites surtout pas.