Les BRICS passent à l’offensive : un fonds de garantie pour bousculer la Banque mondiale

Un pari ambitieux pour canaliser les flux privés vers le Sud

C’est une annonce qui pourrait faire date : les BRICS s’apprêtent à lancer un fonds de garantie sans précédent, pensé pour mobiliser massivement les capitaux privés vers les projets de leurs pays membres. Soutenu par la Nouvelle Banque de Développement (NDB), ce mécanisme s’inspire du modèle de l’agence MIGA de la Banque mondiale, mais avec un objectif clair : offrir une alternative crédible aux circuits traditionnels de financement pilotés par l’Occident.

Concrètement, ce fonds ne nécessite aucune injection de capital supplémentaire dans l’immédiat. La NDB utilisera ses ressources existantes pour garantir une première série de projets pilotes dès 2026, principalement dans les domaines des infrastructures, du climat et du développement durable. Le modèle s’inspire de l’agence MIGA de la Banque mondiale, réputée pour ses garanties aux investisseurs contre les risques politiques et contractuels.

Mais le véritable enjeu est ailleurs : ce mécanisme ambitionne de mobiliser jusqu’à 10 $ de capitaux privés pour chaque dollar garanti par la NDB. En d’autres termes, les BRICS veulent transformer un dollar public en effet de levier, capable d’attirer dix fois plus de financement privé vers leurs priorités de développement.

Une riposte stratégique aux institutions de Bretton Woods

Cette initiative n’arrive pas par hasard. Depuis plusieurs années, les BRICS cherchent à construire un contre-pouvoir face aux institutions multilatérales dominées par l’Occident , comme la Banque mondiale ou le FMI. La création de la NDB fut un premier jalon. Ce fonds de garantie en est un second, plus offensif, car tourné vers les marchés privés et pensé comme un levier international.

Et le timing est bien choisi : la déclaration officielle sera intégrée au sommet des BRICS prévu à Rio la semaine prochaine. C’est une manière de montrer que ce projet n’est pas seulement technique, mais aussi politique. En utilisant les ressources déjà existantes de la NDB pour lancer des projets pilotes dès 2026, le groupe évite le piège de la surpromesse et mise sur une montée en puissance progressive mais structurée.

Le message envoyé aux investisseurs est limpide : les BRICS ne veulent plus subir les notations occidentales ni dépendre d’agences tierces pour garantir la solidité de leurs projets. Ils veulent devenir leurs propres garants, avec une gouvernance qui leur ressemble et des priorités centrées sur leurs réalités.

BRICS : Vers une nouvelle architecture financière mondiale ?

En creux, ce fonds marque une nouvelle étape dans la redéfinition des rapports de force économiques mondiaux. Si le mécanisme tient ses promesses, il pourrait inaugurer un basculement historique : celui d’un Sud global qui n’attend plus l’approbation de Wall Street ou de Washington pour financer sa croissance . Une architecture financière alternative est en train de naître et elle parle BRICS.

Ce modèle pourrait aussi inspirer d’autres coalitions émergentes, en Afrique, en Asie ou en Amérique latine. Car au-delà de l’aspect purement financier, il y a un projet de souveraineté : financer sans s’endetter selon les règles des autres, investir sans renoncer à sa voix, bâtir sans quémander. Bref, redessiner les conditions du développement sur ses propres bases.

Et ce n’est qu’un début. Avec des initiatives parallèles autour des stablecoins, des systèmes de paiement alternatifs ou de la dédollarisation des échanges, les BRICS montrent qu’ils veulent réinventer les fondations du capitalisme mondial. Ce fonds de garantie n’est pas qu’un outil : c’est une déclaration d’indépendance.